Le mythe de la chaîne de courriels sur le « paiement de prestations fédérales »

14 juillet 2021
Réfutons certains mythes au sujet du RPC et de la SV!
Notre équipe de la défense des intérêts reçoit régulièrement des appels et des courriels au sujet d’une chaîne de courriels virale affirmant à tort que le « paiement des prestations fédérales » est une combine à la Ponzi.
 

Depuis au moins 2012, une chaîne de courriels circule de boîte de réception électronique en boîte de réception électronique. Le courriel commence généralement de cette façon :

Le chèque de pension du Canada est maintenant (ou sera bientôt) appelé « paiement de prestations fédérales »? Je ferai partie du 1 % pour transmettre cela.

Le courriel énumère ensuite des arguments et des statistiques qui semblent faire autorité et comportent presque toujours la même phrase :

Au lieu de cela, les gens d’Ottawa ont réussi un « plan Ponzi » plus important que Bernie Madoff.  

Qu’est-ce que ce « plan Ponzi »? Selon la chaîne de courriels, le gouvernement canadien est en train de s’emparer d’importantes sommes provenant de la « pension de vieillesse » des Canadien·ne·s. Pour tenter de prouver cela, le courriel énumère une série de statistiques trompeuses (par ailleurs, chaque variation de la chaîne de courriels change les chiffres).

Ensuite, le courriel affirme ceci : 

Ils ont pris notre argent et l’ont utilisé ailleurs. Ils ont oublié (oh oui, ils savaient) que c’était NOTRE argent qu’ils prenaient. Ils n’avaient pas de référendum pour nous demander si nous voulions leur prêter de l’argent. Et ils n’ont pas payé d’intérêt sur la dette qu’ils ont assumée.  Et récemment, ils nous ont dit que l’argent ne nous soutiendrait plus très longtemps. Mais est-ce de notre faute s’ils ont abusé de nos investissements?  Et maintenant, pour ajouter l’insulte à la blessure, ils appellent cela un « avantage », comme si nous n’avions jamais travaillé pour en gagner chaque centime. Ce n’est pas parce qu’ils ont emprunté de l’argent que nos investissements étaient une œuvre de bienfaisance! Prenons position. Nous avons mérité notre droit à nos pensions.  Nous avons mérité notre droit à nos pensions. Trouvez un moyen de maintenir le Régime de pensions du Canada pour le bien des 92 % de notre population qui en ont besoin. Appelez-le ainsi : notre revenu de retraite gagné. 

Si vous recevez cette chaîne de courriels, sachez qu’elle est totalement et absolument absurde.

Même s’il est difficile de déterminer l’origine d’une chaîne de courriels virale comme celle-ci, tout porte à croire qu’elle a commencé aux États-Unis, en utilisant Washington à la place d’Ottawa comme source de ce « plan Ponzi » qui, en français, est considéré comme un stratagème (une combine, si vous préférez).

Le courriel original parle même de « chèque de sécurité sociale » au lieu de « prestation de pension de vieillesse ». Il mentionne également des politicien·ne·s américains, remplacés par des député·e·s canadiens dans les versions ultérieures. Des versions récentes désignent parfois spécifiquement Justin Trudeau comme la source de ces changements et de ces stratagèmes. Le fait est intéressant, car il n’était pas le chef du parti libéral lorsque cette chaîne de courriel a commencé à circuler.

Les origines américaines de la chaîne de courriels expliquent certains des problèmes fondamentaux qu’elle pose, ainsi que le français approximatif qui provient d’une traduction très libre de l’anglais. Tout d’abord, nous avons des systèmes de pension très différents, et la chaîne de courriels ne fait que les superposer l’un sur l’autre, créant ainsi des erreurs factuelles. La plus évidente est que les États-Unis n’ont que la sécurité sociale (ou Social Security), également connue sous le nom d’assurance-vieillesse, survivants et invalidité (Old-Age, Survivors, and Disability Insurance [OASDI]). Les Canadiens ont deux programmes distincts : le Régime de pensions du Canada (RPC) et le programme Sécurité de la vieillesse (SVS).

Le RPC est un programme d’épargne. Votre employeur et vous cotisez au RPC et, lorsque vous atteignez 65 ans (ou 60 ans à un taux réduit), vous êtes admissible à recevoir des prestations du RPC en fonction du montant que vous avez cotisé au fil des ans. Cet argent est détenu séparément des revenus d’exploitation du gouvernement et ce dernier ne peut pas « emprunter » ou « prendre » ces fonds pour les utiliser ailleurs, comme le suggère souvent la chaîne de courriels.

Il n’y a pas non plus lieu de s’inquiéter des finances du RPC, car l’argent est investi par l’Office d’investissement du RPC (OIRPC) et la caisse de retraite se porte remarquablement bien. L’actuaire en chef du Canada a déclaré que le RPC sera viable pendant au moins 75 ans et, cette année, l’Office d’investissement du RPC a affiché un rendement de 20,4 % sur des actifs qui approchent le demi-trillion de dollars.

En bref, personne n’a pris les fonds du RPC pour les utiliser ailleurs, et le RPC est protégé.

Quant à la SV, il s’agit d’une prestation, et c’est le mot que nous utilisons depuis longtemps pour la désigner. La SV est payée à partir des recettes générales du gouvernement fédéral (vos impôts) et tous les Canadien·ne·s de plus de 65 ans qui correspondent aux critères d’admissibilité la reçoivent.

Une certaine forme de pension pour les personnes de plus de 70 ans existe au Canada depuis les années 1920, mais la SV moderne tire son origine de la Loi sur la sécurité de la vieillesse de 1951. Cette loi a introduit une pension universelle à taux fixe pour les personnes de 70 ans et plus qui satisfaisaient à certaines conditions de résidence. En 1965, la SV a été modifiée pour abaisser l’âge d’admissibilité à 65 ans et, en 1967, le Supplément de revenu garanti (SRG) a été mis sur pied pour les personnes âgées à faible revenu, en fonction de leurs besoins. Au fil des ans, quelques petits changements ont été apportés (comme la pleine indexation et l’ajout d’une allocation pour les conjoint·e·s), mais le programme est demeuré essentiellement le même pendant près de sept décennies.

La SV n’est pas un investissement personnel. Il ne s’agit pas d’une pension. Son nom n’est pas en train d’être changé. Il n’y a pas de compte qui est pillé pour d’autres dépenses. Il n’y a pas de combine à la Ponzi.

Lorsque vous recevez un courriel comme celui-ci, prenez-le avec une bonne dose de scepticisme.

Vous ne verrez jamais le nom de l’auteur de ces courriels. Ils font des déclarations vagues et générales, et utilisent des statistiques sans mentionner leurs sources. Ils encouragent les gens à diffuser leurs fausses déclarations, avec des énoncés comme « 99 % des gens ne partageront pas ceci. Le ferez-vous? »

Si vous voulez vérifier les faits d’autres chaînes de lettres, utilisez des sites Web comme Snopes.com. Il s’agit d’un site où les gens partagent des faits et des détails sur les courriels viraux et qui peut vous aider à vérifier ce qui est exact et ce qui est faux. Snopes.com a compilé un vaste répertoire de faussetés circulant sur Internet et d’une équipe de vérificateurs de faits qui sont dignes de confiance et citent leurs sources.

Dans notre monde actuel, où les escroqueries et les fausses informations sont facilement accessibles en ligne (et trop facilement partagées!), méfiez-vous, soyez critiques et demandez conseil auprès de sources fiables comme l’Association nationale des retraités fédéraux.