
Le train Rocky Mountaineer traverse les Rocheuses dans un périple emblématique du Canada.
Tim Hoban attend avec impatience de faire deux voyages au Canada cette année : un à Toronto pour assister à un match de ses Blue Jays bien-aimés et un autre au Cap-Breton, région de sa naissance, pour voir les feuilles d’automne. Il lui arrivait souvent de faire un voyage aux États-Unis, par exemple à Boston, au Massachusetts, ou au moins à Bangor, dans le Maine. Cette année, il va « laisser tomber » les voyages au sud du pays.
« Je ne dépenserai pas d’argent aux États-Unis », dit M. Hoban. Âgé de 83 ans, ce veuf vit à Miramichi, au Nouveau-Brunswick, avec son fils et une personne soignante. « Ce foutu Trump n’aura pas un sou de ma part. Il est cinglé. »
M. Hoban n’est pas seul. Brett Walker, directeur général des opérations internationales pour Collette, affirme que son entreprise a vraiment connu une montée en flèche des voyages intérieurs.
« Nous constatons certainement une hausse importante de la demande, elle est indéniable et elle n’est pas seulement anecdotique », dit M. Walker. « Nous savons que les Canadiens sont [en colère] et frustrés par tout ce qui concerne notre voisin du Sud. »
Alors que certains vont à l’étranger pour éviter les États-Unis, M. Walker affirme que, au Canada, la hausse se fera sentir dans les grands centres névralgiques, par exemple Toronto, Montréal, Vancouver, Ottawa, Calgary et Edmonton, comme ce fut le cas lors de la pandémie. Les circuits de Collette dans les Maritimes connaissent une belle popularité.
Les chiffres les plus récents de Destination Canada n’illustrent pas encore le boycottage des voyages aux États-Unis, parce qu’ils remontent au troisième trimestre de 2024, avant même que le président des États-Unis, Donald Trump, ne soit élu. Mais l’Association de l’industrie touristique du Canada (AITC) affirme qu’elle peut également confirmer qu’il y a un vif intérêt pour les voyages au pays.
« Les exploitants d’entreprises touristiques de partout au pays nous disent que les voyages intérieurs sont à la hausse », a déclaré Beth Potter, présidente-directrice générale de l’AITC. « Les Canadiens choisissent résolument de consacrer leurs dollars de tourisme à leur pays. Cela ne se résume pas à l’aspect pratique; il règne un paisible sentiment de patriotisme. En décidant de choisir le Canada, les gens envoient un message clair sur les valeurs, l’identité et la communauté. »
Mme Potter dit que cela exemplifie le désir sincère des Canadiens d’investir dans leur propre pays.
« En tant qu’industrie qui s’est bâtie en mettant en valeur ce qu’il y a de mieux au Canada, ce choix est quelque chose dont nous sommes fiers », ajoute Mme Potter. « Qu’il s’agisse d’aller faire de la randonnée dans les parcs nationaux, de découvrir de petites villes, ou de goûter la gastronomie régionale ou de vivre la culture d’une région, les Canadiens ont une raison renouvelée d’explorer leur propre pays, et c’est là une bonne nouvelle pour les communautés de partout au pays. »
Pour sa part, M. Hoban, qui est agent de la GRC à la retraite, pense qu’il s’agira peut-être de son dernier voyage au Cap-Breton, où il est né.
« Je veux aller dans la région de la piste Cabot, et probablement passer une nuit quelque part dans le coin, puis me rendre sur la côte ouest de Terre-Neuve, où j’ai beaucoup d’amis et de parents », dit-il, ajoutant que sa défunte épouse vient de Deer Lake, à Terre-Neuve. « J’irais dans cette région et rendrais visite à mes proches pour la dernière fois. »
Il aimerait contempler les couleurs de l’automne sur les arbres de la piste Cabot.
« Je me souviens d’être allé sur la piste Cabot, alors que c’était encore un chemin de terre. J’ai grandi au Cap-Breton. Je suis un gars du Cap », ajoute-t-il.

Warrick Lockyer and his wife, Louise Allie, plan to tour the Gaspé Peninsula in Quebec this summer, instead of a planned trip down the coast of Maine.
Plans de voyage aux États-Unis revus
Warrick Lockyer, de Perth Andover, au Nouveau-Brunswick, et son épouse, Louise Allie, avaient l’intention de voyager le long de la côte est de l’État du Maine cet été avec un groupe d’amis. Ils ont mis ce projet en veilleuse, en raison du climat politique et du dollar.
« Cet été, nous planifions un court voyage de deux semaines au Labrador avec notre caravane de camping », explique M. Lockyer, qui a pris sa retraite après 36 ans de service dans la Marine royale canadienne. Louise Allie a travaillé pendant 26 ans comme adjointe administrative, d’abord pour le ministère de la Défense nationale, puis pour Service Canada. « Et le groupe qui devait aller au Maine longera le littoral acadien du Nouveau-Brunswick, puis se rendra à Gaspé et, ensuite, à Québec. »
M. Lockyer et Mme Allie ont en fait travaillé comme guides touristiques pour une entreprise américaine qui propose des circuits en VR au Canada atlantique et en Alaska, mais ils ne le feront pas cette année.
« J’ai grandi à [Dildo,] à Terre-Neuve, j’ai passé 40 ans en Nouvelle-Écosse et maintenant je vis au Nouveau-Brunswick depuis huit ans. J’ai donc parcouru presque toutes les routes dans les quatre provinces », explique M. Lockyer, qui est le président de la Section du Haut de la Vallée de Retraités fédéraux.
Point de vue d’une autre agente de voyages
Paula Nygaard prévoyait plusieurs voyages cette année, mais cet été, elle pense rester près de chez elle et passer du temps dans sa cabane. En mai, elle a fait un voyage à Banff et Edmonton, en Alberta, et planifié un grand voyage en juin — une croisière en Norvège — qu’elle a envisagé d’annuler. Mais, comme elle avait dû verser un gros acompte, elle a décidé de partir en croisière.
« C’est une entreprise américaine, et c’est pour cela que j’ai hésité, mais cette fois, j’ai pris ma décision à cause du dollar tout-puissant », précise-t-elle. « Mais je voyagerai beaucoup au Canada, dont une escapade à Saskatoon. »
Elle a également prévu des voyages en Europe pour l’automne, mais pas avec des entreprises américaines. Comme elle habite une ville frontalière du Manitoba, Mme Nygaard allait souvent magasiner de l’autre côté de la frontière, mais plus maintenant.
« Moi-même, mes amis [ni aucune de mes connaissances], ne faisons plus de magasinage transfrontalier, alors que c’était fréquent avant. Nous ne le faisons plus du tout. »
Mme Nygaard, qui a pris sa retraite de Service Canada, a une carrière postérieure à la fonction publique fédérale en tant qu’agente de voyages au sein du Trevello Travel Group. Elle dit que 90 % de ses clients qui avaient fait des réservations pour les États-Unis et versé des acomptes renoncent à ceux-ci et annulent leur voyage.
« Très certainement, les gens évitent généralement et résolument de se rendre aux États-Unis et de voyager avec des compagnies de voyage américaines », dit-elle, ajoutant que cela lui a valu un meilleur chiffre d’affaires au Canada.
« Prenons l’exemple des compagnies aériennes, qui annulent des vols à destination des États-Unis parce que personne ne réserve de sièges. C’est une période intéressante quand on travaille dans le secteur du voyage. Les gens demandent où ils peuvent aller, et je leur dis de regarder notre côte est, qui est fabuleuse. Allez au Québec. Il y a toutes sortes d’options à proposer pour le Canada et c’est ce que la plupart d’entre nous font. »
Mme Nygaard, qui est la coordonnatrice des services de la Section de Winnipeg de Retraités fédéraux, souligne que le rendement du dollar canadien est également un facteur. « Votre dollar va plus loin chez vous ».
Expériences autochtones
Chez Collette, Brett Walker transige avec beaucoup de touristes étrangers qui viennent au Canada. Pour ceux-ci, les expériences autochtones ont toujours la priorité, alors que les Canadiens semblent montrer moins d’engouement à leur égard. C’est pourquoi nous présentons une liste d’attractions autochtones à l’échelle du pays, avec les compliments de l’Association touristique autochtone du Canada.
Métis Crossing : Situé à Smoky Lake, en Alberta, ce site patrimonial métis d’interprétation offre des expériences culturelles.
Tourisme Wendake : Situé sur les rives de la rivière Akiawenrahk à Québec, Wendake vous fera découvrir les traditions, l’histoire, la culture et le mode de vie moderne autochtones.
Aurora Village : Destination où les visiteurs peuvent découvrir la magie et
les merveilles du Nord sur la route Ingraham Trail près de Yellowknife. Le site prétend être « le meilleur endroit au monde » pour regarder les aurores boréales.
Wapusk Adventures : Ce pourvoyeur d’aventures en traîneau à chiens et en plein air établi à Churchill, au Manitoba, offre une gamme d’expériences.
Ahous Adventures : Cette entreprise d’aventures écologiques et culturelles de Tofino, en Colombie-Britannique, appartient à la nation Ahousaht, qui l’exploite. Elle offre des excursions, dont celle de la source thermale à Springs Cove, ainsi que l’observation des baleines et des ours.
Lennox Island : Située dans la baie Malpèque, à l’Île-du-Prince-Édouard, cette île de 540 hectares abrite les 450 membres de la bande de Lennox Island et plusieurs entreprises.
Les Torngats : Ce site de Happy Valley-Goose Bay, au Labrador, propose des séjours chez des hôtes inuits au cœur même de la culture inuite, dans la région des monts Torngat.