L’avenir des régimes de pensions à prestations déterminées

08 juin 2020
Pensions.
L’avenir des régimes de retraite à prestations déterminées est de plus en plus en péril.
 

Plus tôt cette année, le National Institute on Aging (NIA) de Toronto a publié un rapport qui décrit un changement démographique dont nous savions depuis un moment qu’il se produirait : le Canada compte maintenant plus de personnes âgées de plus de 65 ans que de moins de 15 ans pour la première fois de son histoire.

Il est peu probable que cette situation change, car les Canadiens continuent à vivre plus longtemps et les taux de natalité chutent. Le NIA a souligné que cela crée une pression sans précédent sur un grand nombre de nos systèmes sociaux nationaux, y compris sur notre système de revenu de retraite.

La recherche a démontré que les Canadiens souhaitent maintenir leur niveau de vie à la retraite, mais peu disposent de stratégies officielles pour y parvenir. Quarante-huit pour cent des Canadiens n’ont pas de plan pour leur retraite; c’est notamment le cas de 43 % des personnes âgées de 55 à 64 ans. Les raisons de cet état de fait comprennent la nature changeante du travail — les emplois dans l’économie à la demande comprennent rarement des pensions —, ainsi que des tendances à repousser ou à phaser la retraite, moins de régimes à prestations déterminées (PD), particulièrement dans le secteur privé, et les niveaux d’endettement accrus des ménages. Le taux d’épargne des ménages a plongé, alors que leur ratio de la dette au revenu a grimpé en flèche à 173 %.

Le pourcentage d’employés du secteur public qui a des régimes à PD a baissé d’environ 4 % au cours des 20 dernières années, alors que le nombre de régimes de retraite à PD dans le secteur privé a chuté de 21,9 % en 1997 à 9,2 % en 2017, car de nombreux employeurs sont passés à des régimes à cotisations déterminées, mettant les risques d’investissement sur les épaules des employés. Deux tiers des Canadiens ne participent pas à un régime de retraite en milieu de travail, et ces chiffres ne s’améliorent pas. De nombreuses personnes affirment que les gouvernements et les employeurs du secteur public devraient délaisser les régimes à PD, comme au Nouveau-Brunswick où le gouvernement provincial a converti les pensions du secteur public à des régimes à « risque partagé ». D’autres provinces, comme la Nouvelle-Écosse et le Manitoba, envisagent d’apporter des changements similaires.

Nous constaterons probablement bientôt l’incidence de ces changements aux régimes de retraite. Les ralentissements des marchés causés par la dégringolade du prix du pétrole et par les craintes entourant la COVID-19 élimineront probablement l’indexation et réduiront les pensions des gens ayant des régimes de retraite à prestations cibles.

Le cas échéant, à quoi ressembleront les pensions et la retraite au Canada dans quelques dizaines d’années? On peut affirmer sans l’ombre d’un doute que la retraite, telle que nous la connaissons aujourd’hui, changera considérablement.

Des changements au Régime de pensions du Canada (RPC) et à la Sécurité de la vieillesse (SV) sont probables. Les prévisions indiquent que le RPC est durable pour au moins 75 ans et qu’il est structuré de façon à résister à d’importants ralentissements des marchés à long terme, mais il représentera une plus grande proportion de l’épargne-retraite des personnes et pourrait devoir être augmenté. La SV coûte déjà 48 milliards de dollars et ce coût devrait augmenter à 108 milliards de dollars d’ici 2030, représentant une énorme partie du produit intérieur brut (PIB). Les gouvernements réévalueront probablement l’âge d’admissibilité à ce programme financé à l’aide des impôts, comme le gouvernement Harper l’a fait en 2012.

Dans les années à venir, particulièrement avec les pressions actuelles sur les marchés causées par la COVID-19 et les changements économiques inévitables auxquels nous faisons face en raison du changement climatique, les régimes à PD pourraient être en voie d’extinction dans le secteur privé. Il est possible que certains gouvernements cèdent aussi aux pressions financières et publiques et retirent les régimes à PD à leurs employés. Les Canadiens devront travailler plus longtemps et plusieurs pourraient ne pas être du tout en mesure de prendre une retraite.

Cette perspective lugubre se reflète dans les commentaires de certaines personnes âgées de 30 à 50 ans lorsqu’on leur demande leur avis sur la retraite. Les commentaires allaient de « Je vais travailler jusqu’à ma mort » à « Liberté 75 ».

Même si l’avenir est incertain, certaines innovations en matière de pension permettent d’inverser cette tendance. Le Régime de retraite des collèges d’arts appliqués et de technologie (CAAT) et l’OPTrust du Syndicat des employées et employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO) ont créé de nouvelles options pour accroître le nombre de personnes qui ont accès aux prestations déterminées. Le CAAT a créé DBplus, qui est offert aux sociétés à but non lucratif et de l’ensemble des secteurs publics, ainsi que du secteur privé qui n’ont pas de régime de retraite en milieu de travail et qui désirent avoir un régime de retraite à PD bien géré de multiples employeurs ou passer de leur régime existant à celui-ci. OPTrust a créé « OPTrust Select », qui a ouvert son modèle cocommandité/à employeurs multiples à des lieux de travail allant des organisations artistiques et culturelles aux garderies, en passant par des associations sportives et des installations récréatives, sans oublier des fournisseurs de services sociaux et de santé.

Il est à souhaiter que d’autres organisations soient inspirées et continuent d’innover, garantissant ainsi que plus de Canadiens aient accès à un revenu de retraite prévisible et stable pour le reste de leur vie.

 

Cet article a été publié dans le numéro de l’été 2020 du magazine Sage, dans notre rubrique « Infopensions », qui répond aux questions les plus courantes de nos membres au sujet de leur pension. Maintenant que vous êtes ici, pourquoi ne pas télécharger le numéro complet et jeter un coup d’œil à nos anciens numéros aussi?