Vieillir chez soi à la perfection

08 février 2022
Vieillir chez soi à la perfection.
Pour les aînés qui veulent vivre à la maison aussi longtemps que possible, il vaut la peine de commencer à aménager leur résidence pour y parvenir.
 

Commencez dès maintenant. Voilà la principale leçon à retenir pour vieillir chez soi en toute sécurité et confortablement, ce qui veut simplement dire rester à la maison aussi longtemps que possible.

C’est certainement ce que beaucoup d’entre nous désirent. Un sondage commandé par la Marche des dix sous plus tôt cette année a révélé que 78 % des Canadiens et 81 % des aînés souhaitent vieillir chez eux. Et les décès liés à la COVID-19 dans les établissements de soins de longue durée ont indéniablement renforcé notre désir de retarder le plus longtemps possible le placement en institution.

Le problème, c’est que même si nous nous préparons financièrement à prendre notre retraite, nous retardons l’aménagement de notre maison pour nous aider à y rester, parfois jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Une propriétaire de maison dont la vue baisse peut trébucher sur un tapis, se casser une hanche, aboutir à l’hôpital et, au lieu de revenir dans sa maison bien-aimée mais peu sûre, passer le reste de ses jours dans un centre de soins de longue durée.

« Nous nous sentons tous plus jeunes que nous ne le sommes et, tout en sachant bien que nous vieillissons, nous ne changeons généralement pas nos comportements avant d’être obligés de le faire », déclare Marnie Courage, chef de la direction d'Enabling Access, à Winnipeg, et ergothérapeute agréée spécialiste du vieillissement à la maison. « Si vos besoins changent, votre environnement doit changer. »

À la maison, cela touche à tout, allant d’un meilleur éclairage à une salle de bain plus accessible avec une douche de plain-pied, en passant par l’élimination des dangereux tapis de sol.

Mme Courage aide à déterminer les changements appropriés en effectuant une évaluation détaillée du propriétaire de la maison, dont ses difficultés cognitives et de mobilité, de son domicile et des activités qu’il y pratique. Une évaluation effectuée par son entreprise coûte généralement de 400 à 500 $ et donne au propriétaire les informations nécessaires pour prendre des décisions éclairées sur son espace de vie.

Selon Mme Courage, vieillir à la maison en toute sécurité présente des avantages importants. Par exemple, les relations essentielles à la vie — les voisins, la famille proche et même les animaux de compagnie — se maintiennent, ce qui ne sera peut-être pas le cas en cas de déménagement dans une copropriété éloignée ou d’un placement dans un foyer de soins infirmiers.

Mme Courage souligne que l’aménagement d’une maison en vue de vieillir chez soi peut également profiter à d’autres personnes. Par exemple, le réaménagement d’une entrée pour éliminer des marches — un bon exemple de « conception à accès facile » — pourrait aussi être une aubaine pour de jeunes parents avec une poussette ou une personne handicapée d’âge moyen.

Peu importe l’aménagement, l’adaptation d’une maison pour le vieillissement chez soi commence par un examen objectif, selon Roger P. Gervais, spécialiste agréé du vieillir chez soi (SAVS) d’Ottawa. Il faut aussi reconnaître que nos maisons ne sont pas toujours nos alliées et que les décisions prises à la hâte — des rénovations à la pièce après un accident grave, par exemple — ne sont généralement pas judicieuses et peuvent être coûteuses parce qu’elles sont précipitées.

Roger Gervais.

Roger P. Gervais, spécialiste agréé du vieillir chez soi (SAVS), établi à Ottawa.
 

« Dès que vos capacités et vos besoins changent, votre maison devient un handicap, tant sur le plan de la santé et de la sécurité que sur le plan financier », explique M. Gervais.

En prenant dès maintenant des dispositions pour vieillir chez vous, vous pouvez formuler des plans de rénovation échelonnés. Vous pourriez d’abord rendre votre salle de bain principale accessible en y installant une douche de plain-pied, un meuble-lavabo conçu pour utilisation en fauteuil roulant, une toilette surélevée et des barres d’appui pour la sécurité. Puis, plus tard, réorganiser la cuisine en y installant des armoires supérieures qui coulissent verticalement, un espace de dégagement plus important pour un déambulateur ou un fauteuil roulant et des couvre-sols antidérapants.

« Heureusement, certaines entreprises de rénovation réalisent de superbes conceptions (pour vieillir chez soi), » dit M. Gervais. « Vous pouvez obtenir une salle de bain haut de gamme conviviale qui n’a pas une apparence institutionnelle. »

En procédant par étapes, vous pouvez aussi échelonner le coût des rénovations, selon vos besoins et votre budget.

Ces coûts dépendent de tout, de la nature du projet au type de maison et aux coûts des matériaux, qui ont connu des fluctuations colossales, parce que la pandémie a interrompu les chaînes d’approvisionnement. Par exemple, un monte-escalier pour les propriétaires de maison ayant des problèmes de mobilité et un escalier droit peut coûter entre 2 500 et 5 000 $, tandis que la rénovation complète d’une cuisine peut facilement dépasser 50 000 $.

Les programmes gouvernementaux peuvent aider certains aînés à assumer le coût des rénovations pour vieillir chez soi. Par exemple, le programme d’adaptation et de réparation des maisons pour aînés (SHARP, en anglais) de l’Alberta offre un prêt à faible taux d’intérêt pouvant atteindre 40 000 $ pour les propriétaires dont le revenu annuel est de 75 000 $ ou moins. D’autres provinces, dont la Colombie- Britannique et l’Ontario, ont des programmes de crédit d’impôt. Certaines personnes peuvent également être admissibles à des programmes d’aide pour les impôts fonciers, les soins et d’autres dépenses liées au vieillissement chez soi.

Lorsque vous dépensez de l’argent pour des rénovations en vue de vieillir chez vous, n’oubliez pas l’impact potentiel sur votre propriété, avertit Jack Parsons, SAVS et cofondateur de K & P Contracting Ltd. de St. John’s, à Terre- Neuve-et-Labrador.

« Si (quelque chose) coûte cinq dollars, mais que vous ne récupérez qu’un dollar en termes de valeur, eh bien, c’est un problème. »

Selon M. Parsons, les salles de bain peuvent être des plus difficiles à rénover pour le vieillir chez soi, car elles sont souvent exiguës, et les manoeuvres des fauteuils roulants ou des déambulateurs exigent de l’espace. Il souligne que les vieilles salles de bains équipées d’une baignoire avec douche intégrée sont particulièrement dangereuses, en raison du risque de glissade et qu’elles devraient être remplacées par une douche de plain-pied.

Lorsque vous engagez un rénovateur en vue de vieillir chez vous, vous avez besoin de quelqu’un qui a fait ses preuves dans ce domaine spécialisé. Il doit également fournir des références et présenter une preuve d’assurance de responsabilité civile. Si un ergothérapeute a fait l’évaluation, il devrait être en mesure de vous suggérer un rénovateur fiable.

M. Parsons recommande également de procéder aux mêmes démarches que vous feriez pour engager n’importe quel rénovateur. Vérifiez son dossier auprès du Bureau d’éthique commerciale. Déterminez depuis quand l’entreprise est en activité. De plus, « asseyez-vous et ayez une bonne conversation. Assurez-vous que l’entrepreneur parle de la valeur, du budget (pour que vous puissiez vous dire) “Oui, il sait de quoi il parle”. »
 

Conseils pour vieillir chez soi

  • Pour vieillir chez soi, l’accessibilité des salles de bains est incontournable. Des barres d’appui, une douche sans bordure et des toilettes surélevées ou un siège de toilette adapté sont des investissements judicieux.
  • Dans la cuisine, un four à micro-ondes à la hauteur du comptoir ou juste en dessous permet de soulever plus facilement les plats.
  • Un comptoir de cuisine avec une bordure de couleur contrastante permet aux yeux vieillissants de repérer l’endroit où le comptoir se termine, ce qui réduit les risques de déversement.
  • Les ouvertures des portes devraient être de 32 pouces ou plus larges, pour les déambulateurs et les fauteuils roulants.
  • Débarrassez-vous des tapis de sol, qui présentent un risque de chute, car nous ne levons pas nos pieds aussi haut en vieillissant et nous ne voyons plus aussi bien. Il vaut aussi la peine d’installer un couvre-sol antireflet et antidérapant.
  • Les couvre-interrupteurs sont plus visibles si leur couleur contraste avec celle du mur.
  • Les escaliers doivent être bien éclairés, avec des rampes des deux côtés.
  • Les zones de passage à l’intérieur, notamment autour des meubles, doivent être bien éclairées et bien dégagées.
  • Il faut installer des poignées à levier sur les portes et les robinets de salle de bains.

 

Cet article a été publié dans le numéro de l'hiver 2021 de notre magazine interne, Sage. Maintenant que vous êtes ici, pourquoi ne pas télécharger le numéro complet et jeter un coup d’œil à nos anciens numéros aussi?