
Karen Breeck, médecin à la retraite et vétérane, ainsi que membre et bénévole de Retraités fédéraux, est à la tête de l’appel à faire du 12 juin une journée d’action — et pas seulement une journée de reconnaissance — pour les femmes vétéranes de partout au Canada.
Cet article a été rédigé par la Dre Karen Breeck, DM, Sc. S. et CD, et Sayward Montague, directrice de la défense des intérêts de Retraités fédéraux. Ensemble, elles coprésident le Réseau de recherche et d’engagement des vétéranes (RREV), aux côtés de Maya Eichler, Ph. D., directrice du Centre pour l’innovation sociale et l’engagement communautaire dans les affaires militaires. Il a été tout d’abord publié le 11 juin 2025, en anglais, par National Newswatch.
Une idée circule à l’heure actuelle parmi les vétéranes. Elle permettrait aux Canadiens et aux Canadiennes de réfléchir non seulement aux expériences marquantes des femmes qui ont servi au sein des Forces armées canadiennes (FAC) et de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), mais privilégierait également la défense des intérêts plutôt que l’appréciation.
Le 12 juin 2024, le Comité permanent des anciens combattants (ACVA) de la Chambre des communes a publié un rapport crucial, intitulé Plus jamais invisibles. Les expériences des vétéranes canadiennes. Cette initiative historique, la plus importante en son genre entreprise par le comité, a recueilli les témoignages de plus de 50 vétéranes couvrant plus d’un demi-siècle de service.
Le rapport a mis en évidence une négligence systémique et des partis pris qui persistent depuis des décennies, soulignant que les difficultés que subissent les femmes en uniforme ne sont pas des incidents isolés, mais des mécanismes profondément ancrés et des produits issus des systèmes censés soutenir les vétérans. De l’accès incohérent aux soins de santé spécifiques au sexe et au genre à la sous-déclaration chronique et à la mauvaise gestion des traumatismes sexuels liés au service militaire, les témoignages reflètent des lacunes institutionnelles qui exigent une réforme urgente. Il ne suffit pas de remercier les femmes vétéranes pour leur service si nous continuons à ignorer les inégalités structurelles auxquelles elles font face, pendant et après leur service.
Bien que des progrès aient été réalisés ces dernières années pour mieux reconnaître et soutenir les femmes vétéranes, il reste beaucoup à accomplir pour celles qui continuent de faire les frais de l’inégalité systémique. Trop longtemps, les vétéranes ont été non seulement négligées, mais aussi invisibles, une réalité douloureuse renforcée par les failles du système à reconnaître leur valeur, leur service et leurs difficultés.
Malgré le fait qu’elles représentent une part croissante de la population des vétérans, les femmes restent sous-représentées dans la conversation nationale sur le service militaire. Selon le recensement le plus récent, 16,2 % de tous les vétérans des FAC au Canada sont des femmes. Il s’agit de 74 935 femmes en tout, dont les contributions ont trop souvent été ignorées. Ces chiffres ne se résument pas seulement à des statistiques; ils constituent un appel à reconnaître l’évolution du visage de la communauté des vétérans au Canada et à y réfléchir. Ce nombre devrait augmenter, car les FAC se sont fixé un objectif de 25 % de représentation féminine d’ici 2026. Bien que l’atteinte de ce seuil dans les délais reste incertaine, les efforts soutenus pour recruter, retenir et soutenir davantage de femmes en uniforme sont un signe encourageant de progrès et un indicateur que le changement, bien que progressif, est en marche.
Alors que nous nous rapprochons du premier anniversaire de la publication du rapport, il devient évident que le 12 juin est une date marquante pour les femmes vétéranes. C’est pourquoi de nombreuses vétéranes suggèrent d’en faire une journée à souligner. Pas avec un défilé, mais plutôt une journée porteuse de sens. Une journée pendant laquelle les vétéranes se rendent dans des écoles et des centres communautaires et se rassemblent sur la colline du Parlement, non pas pour être reconnues, mais pour valider leurs expériences et revendiquer un meilleur avenir. Comme l’exprime avec justesse Karen Breeck, médecin retraitée et vétérane : « J’espère qu’une journée comme celle-ci ne se limitera pas à la reconnaissance de notre service. J’espère qu’elle deviendra une journée pendant laquelle les femmes vétéranes interagissent avec leurs communautés et les parlementaires pour travailler ensemble à l’amélioration des choses pour la prochaine génération de femmes qui souhaitent servir leur pays. »
Le 12 juin n’a pas pour but d’être noyé dans un océan de platitudes. Cette journée devrait constituer un appel à l’action, un rappel que nous devons nous pencher sur les enjeux qui comptent le plus : soins et soutien, reconnaissance des sacrifices et engagement inébranlable à mettre fin au cycle d’invisibilité qui a mené aux inégalités subies par les vétéranes. La journée devrait être empreinte d’espoir pour la prochaine génération, constituer un témoignage de notre détermination à bâtir un avenir où les femmes des FAC et de la GRC seront respectées, reconnues et soutenues.
Veillons à ce que leurs expériences guident les politiques et les pratiques d’aujourd’hui et de demain. Faisons du 12 juin une journée pour écouter, apprendre et amplifier la voix des femmes qui ont servi, en veillant à ce que leurs idées pavent la voie à emprunter pour la prochaine génération de femmes qui prendront la relève pour servir notre nation.
Le Canada a la possibilité de montrer l’exemple en établissant un précédent sur la manière dont les nations célèbrent le continuum complet des expériences vécues par leurs vétérans. En officialisant le 12 juin comme journée de défense des intérêts et d’éducation, nous affirmons non seulement l’existence des femmes vétéranes, mais aussi notre responsabilité collective de faire en sorte que leurs voix déterminent l’avenir. La visibilité n’est pas un privilège — c’est un droit. Et il est grand temps de faire de la place à tous ceux et celles qui ont servi, non seulement pour le souvenir, mais aussi dans les politiques, les pratiques et les objectifs.
Et qu’il ne s’agisse pas seulement d’une journée, mais d’un mouvement. Un mouvement pour aider à faire en sorte que davantage de Canadiens et Canadiennes, y compris nos politiciens, reconnaissent pleinement les vétéranes, afin qu’aucune n’éprouve plus jamais le sentiment qu’elle ou son service à la nation est invisible.