« Faites du bénévolat selon vos capacités »

10 avril 2024
Jonalen Gamis.
Jane Warren a fait du bénévolat pour la Brain Injury Association of Nova Scotia, la Valley Community Learning Association et les Jeux olympiques spéciaux, et ce ne sont là que quelques exemples.
 

Si elles sont à l’affût des pistes possibles et qu’elles en font l’essai, nos expertes disent que les personnes handicapées peuvent trouver des possibilités de bénévolat enrichissantes qui leur conviennent à la perfection, ainsi qu’à leurs compétences.

Jane Warren a immédiatement commencé à se sentir mieux dans sa peau quand elle a commencé à faire du bénévolat. En 1981, cette Néo-Écossaise n’avait que 26 ans lorsqu’elle a été victime d’un accident de voiture entraînant de nombreuses fractures et lui donnant un traumatisme crânien. Lorsque l’accident s’est produit, elle était dans la force de l’âge, ayant tout juste terminé son baccalauréat en mathématiques et de retour d’Angleterre après cinq ans d’absence. Et, bien que sa lésion cérébrale se soit améliorée au fil des ans, tous les jours au début, elle ne pouvait se souvenir de son propre nom avant au moins midi.

« Mon sentiment de dignité s’est énormément amélioré », confie Mme Warren, se remémorant la première fois qu’elle a fait du bénévolat. « Il y avait beaucoup plus de stigmatisation par rapport au handicap à cette époque-là, en particulier en ce qui concerne les survivants de lésions cérébrales. En [faisant du bénévolat], j’ai cessé d’être “dans ma coquille et abattue”, ou je ne me sentais plus ainsi de toute façon, parce que j’étais productive. »

Aujourd’hui, elle est la trésorière de DAWN, ou DisAbled Women’s Network, auquel elle s’est jointe au milieu des années 90 et qu’elle qualifie de seul réseau national pour femmes handicapées du Canada.

« Le bénévolat offre de la compagnie, des amitiés possibles, du réseautage » et la possibilité de trouver un travail rémunéré en conséquence, dit Mme Warren.

La Semaine nationale de l’action bénévole a lieu du 14 au 20 avril. Cette année, le thème « Ça compte toujours » souligne l’importance de chaque Canadien qui fait du bénévolat. Et les personnes qui vivent avec un handicap peuvent apporter des contributions importantes, souligne Mme Warren.

Sheryl Rose Newman est la coordonnatrice de la gestion des bénévoles de la Disability Foundation, qui soutient six sociétés caritatives offrant des activités accessibles et enrichissantes aux personnes handicapées. Elle dit qu’un grand nombre de ses bénévoles ont des handicaps et que leurs importantes contributions prennent toutes sortes de formes. De plus, de nombreux membres du personnel sont également handicapés. Mme Newman elle-même est dans un fauteuil roulant électrique, à cause d’une lésion de la moelle épinière.

« Je suis blessée depuis près de 27 ans maintenant », précise-t-elle. « Et l’un de nos gestionnaires de programme souffre de paralysie cérébrale. Notre responsable du développement et des communications est également en fauteuil roulant. Donc, nous ne mettons pas l’accent sur nos handicaps physiques, mais sur les capacités que nous apportons à la table. Et c’est aussi comment nous voyons les contributions de nos bénévoles. »

Jonalen Gamis.

Jonalen Gamis a souffert d'un anévrisme cérébral rompu en 2019 et conseille aux personnes qui sont dans sa situation de chercher les possibilités de bénévolat qui jouent sur leurs forces.
 

Jonalen Gamis, 34 ans, était assistante dans une société d’investissements bancaires quand, en raison du stress du travail, elle a souffert d’un anévrisme cérébral rompu en 2019. Causant une paralysie partielle du côté droit, l’affection l’a rendue incapable de parler au début. Aujourd’hui, après trois ans de réadaptation intensive et après avoir reçu un prix pour son travail acharné au centre de réadaptation, elle peut parler à nouveau, mais elle souffre d’aphasie. Cela signifie qu’elle a du mal à trouver les mots justes, et il lui est encore difficile de bouger du côté droit.

« Parfois, je vois un chat et je sais que c’est un chat, mais je dis chien », dit-elle, ajoutant qu’écrire demeure aussi très difficile pour elle.

Comme elle voulait faire du bénévolat pour la Disability Foundation, elle a collaboré avec Mme Newman pour déterminer quelle serait la meilleure façon de contribuer, pour elle. En raison de sa passion pour le graphisme et de ses connaissances de Photoshop et de Canva, elle se charge désormais du design pour la fondation.

Mme Gamis conseille aux autres personnes qui sont dans sa situation de chercher les possibilités qui jouent sur leurs forces. À l’heure actuelle, elle travaille sur un logo pour la Disabled Independent Gardeners Association, qui est l’une des organisations soutenues par la fondation.

« Si une personne qui a une limitation physique veut essayer quelque chose, nous lui permettons de le faire et, si cela ne fonctionne pas, nous trouverons d’autres possibilités pour elle », dit Mme Newman.

Mme Newman explique que ses bénévoles remplissent toujours un formulaire qui demande un récapitulatif des compétences qu’ils souhaitent mettre à profit.

« Je regarde toujours les compétences qu’ils mentionnent et nous travaillons ensuite à partir de là », dit-elle.

À ce titre, son principal conseil aux personnes qui pourraient se retenir de faire du bénévolat en raison d’un handicap est le suivant :  « Essayez donc, et misez sur vos forces ».

Lorsqu’on lui pose cette question, Mme Gamis répondait aussi « Essayez donc ».

Et, à son avis, les récompenses sont nombreuses pour les personnes qui, justement, tentent de faire du bénévolat.

« Cela me donne l’impression d’être de retour sur le marché du travail », dit-elle. « Mais c’est plus flexible. Je peux travailler à la maison et ce n’est pas du 9 à 5. C’est vraiment enrichissant. J’adore! C’est difficile, mais amusant. »

Jane Warren a fait du bénévolat pour la Brain Injury Association of Nova Scotia, la Valley Community Learning Association, les Jeux olympiques spéciaux, Femmes canadiennes pour le bien-être, la Disabled Persons Commission of Nova Scotia pendant 15 ans et elle est membre du Club Lions de Wolfville et de district. Et ce ne sont là que quelques-uns des groupes avec lesquels elle a travaillé depuis 1981.

Voici son conseil aux bénévoles potentiels handicapés : « Pour vos efforts de bénévolat, misez sur vos capacités et non pas sur vos handicaps ».

Son trouble d’hyperactivité avec déficit de l’attention et son aphasie légère, qui rendent les conversations spontanées ou prolongées parfois difficiles, lui ont fait vivre des défis. Et, en raison de ses nombreuses fractures entraînées par l’accident, elle boite lorsqu’elle marche. De plus, sa lésion cérébrale signifie également qu’elle a besoin de beaucoup de sommeil, à savoir plus de huit heures par nuit, de sorte que son niveau d’énergie peut être faible.

C’est pourquoi elle estime qu’il vaut la peine d’envisager de faire du bénévolat à temps partiel plutôt qu’à temps plein. « Commencez lentement, augmentez le temps et les responsabilités plus tard. »

Elle insiste sur le fait que les récompenses l’emportent sur les défis.

« On se sent bien en faisant du bénévolat », dit Mme Warren. « Cela aide les autres. Et cela m’a aidé aussi. On se sent bien lorsqu’on aide les gens, au lieu de se sentir inutile [parce que vous n’avez pas] d’emploi. »

Pour elle, le bénévolat donne de l’espoir aux gens, tant les bénévoles que les bénéficiaires, qu’il s’agisse d’une personne ou d’une organisation.

« Et cela vous donne une raison de vous lever le matin », lance-t-elle.